Si la
mairie fait déjà beaucoup dans l’action sociale (cf la 1ère partie de cette tribune Municipales
Toulouse S occuper aussi de ceux qui vont mal Part1), elle peut faire encore
mieux. Ses partenaires associatifs aussi, et surtout ! Et notamment en
direction de ceux qui vont souvent mal, eux aussi, résidents et commerçants,
victimes par ricochet des politiques de relogement des populations migrantes
portées par les associations, ou de leur installation spontanée sous forme de
squats (avec ou sans la complicité desdites associations).
Nous
partirons ici, parce que l’auteur de ces lignes ne le connaît que trop bien, de
l’exemple de l’avenue de Muret (1ère et 2èmepartie), en particulier d’une
opération de relogement de moyenne durée de 22 familles nombreuses du camp de
Ginestous dans un immeuble sis aux 1, 3 et 5 de la rue d’Alès (dont une façade
donne sur l’avenue), opération portée par la Mairie de Toulouse sur proposition
de deux associations, Soleiha 31 et France Horizon. Ce provisoire est
malheureusement devenu durable, certaines populations initiales étant
aujourd’hui remplacées par d’autres populations migrantes alors que le reste,
qui devait s’intégrer « en huit mois » ( !) est toujours dans
les locaux, ayant très peu changé son mode de vie en presque trente mois de
présence, faisant de la vie des riverains un véritable enfer quotidien, dans
l’indifférence totale des associations partenaires dont l’une a, semble-t-il,
complètement disparu de la circulation, indifférente aux conséquences d’un
projet dont elle était pourtant co-initiatrice. Quant à l’autre, par la
personne de son président pour la région Occitanie, la voilà désormais promue …
colistière de Jean-Luc Moudenc sur la liste « Toulouse
ensemble » !
Nous
aimerions à cette occasion rappeler à ce militant humanitaire que « ensemble »
veut dire « avec tout le monde », sans mépris ni a priori, y
compris envers les populations résidentes et les commerçants du quartier qui ne
mordent pas et méritent sans doute, eux aussi, que l’on s’intéresse également à
leur sort, surtout quand ils vont mal. Soulignons également que le chef de file
de La République en marche, dont ce responsable associatif semble s’inspirer, a
prétendu il y a quelques mois qu’il n’y avait rien de plus simple que de
« traverser la rue ». Deux ans et demi après le lancement de ce
projet et une brève apparition de ce responsable lors d’une réunion de
quartier, nous attendons toujours qu’il le fasse (certes c’est une avenue,
légèrement plus large qu’une rue) et vienne un jour aux nouvelles. Et qu’informe
la Municipalité de façon impartiale.
Le
lecteur pressé pourra directement se rendre à la troisième partie qui est
une série de propositions pour pallier les erreurs passées et améliorer la
politique d’aide sociale au logement.
Désormais partenaires du Maire et de
ses services, nous espérons que les associations auront désormais une politique
globale et non hémiplégique et que, engageant maintenant
toute une équipe au service du Bien commun, elles seront davantage dans la
prise en compte des intérêts de tous et non plus de quelques-uns.
1.
Reprenons pour commencer l’exemple de la
rue d’Alès, symptomatique d’un manque criant d’information et d’un fiasco en
termes de méthodologie du « vivre ensemble »
Premier épisode. En juillet 2017 les résidents assistent,
incrédules, à l’installation de 22 familles (nombreuses !) de gens du
voyage aux numéros 3 et 5 de la rue d’Alès (le n°1 étant occupé depuis l’hiver
par des femmes avec enfants), dont une partie des fenêtres donne sur l’avenue
de Muret. Il n’y a eu aucune information initiale ni postérieure à
l’installation. Les résidents sont d’autant plus désemparés que les nuisances
se multiplient aussitôt : vacarme diurne et nocturne, d’autant plus
traumatisant qu’en plein été il n’est plus possible d’ouvrir ses fenêtres le
soir, dépôts d’ordures en masse sur la voirie (encombrants mais aussi
immondices), apparition de rats jusqu’alors inconnus dans le quartier, vols à
l’arrachée et à la roulotte, occupation de l’espace public et de propriétés privées,
y compris en forçant le portail, stationnement anarchique surtout le soir de
camionnettes qui entravent la circulation, mendicité souvent agressive… Des
dizaines d’enfants jouent jusque tard dans la rue ou sur la place de la Croix
de Pierre, très bruyamment, traversent l’avenue et le giratoire, lieux à forte
circulation, sans regarder. Les riverains automobilistes témoignent effrayés de
dizaines d’accidents évités de justesse.
Second épisode. Ce n’est que début août, enfin, que l’adjoint au maire
responsable du secteur fait déposer une lettre explicative
dans les
boîtes aux lettres des résidents et leur explique enfin ce qui se passe et qui
sont ces nouveaux arrivants. Toulouse Habitat a acquis le bâtiment pour un
projet de logement mais a accepté de le mettre à la disposition de la ville
de Toulouse.
Le fait qu’un adjoint au maire, élu du quartier, soit aussi le
président du bailleur social a sans doute favorisé le montage de l’opération.
Un lieu d’hébergement y est ainsi ouvert au n°1 depuis l’hiver 2016-2017 pour
femmes isolées (25 places), géré par l’association Le Touril. Les numéros 3 et
5 ont été remis en état par la ville de Toulouse et 22 familles du camp de
Ginestous,
qui vient d’être démantelé, y sont donc accueillies depuis
l’été. A l’initiative du projet se trouvent deux associations, Soleilha31 et
France Horizon, chargées de l’accompagnement social. Ces familles en effet,
explique-t-il dans son courrier, ont intégré un « dispositif
d’insertion sociale et professionnelle » et signé un règlement
intérieur et une convention qui les engage à la scolarisation des enfants,
l’apprentissage du français, la recherche d’un emploi … Des travailleurs
sociaux seront « présents sur le site tous les jours
(sic !)
afin de sensibiliser les occupants notamment sur le respect du voisinage et
le traitement des ordures ménagères ». Le numéro d’Allo Toulouse
est rappelé afin qu’en cas « d’incivilités » de « manquement
au respect des règles d’occupation de l’espace public », une « équipe
de la police municipale soit dépêchée sur place ». M. Biasotto ajoute
qu’en accord avec Olivier Arsac, en charge de la Sécurité publique, les agents
de la police municipale seront « davantage présentes sur le secteur,
notamment en soirée, afin d’assurer la sécurité de tous ».
De toute évidence les
nuisances prévisibles, et hélas effectives, étaient prévues.
Malheureusement elles ne cessent pas pour autant et
s’amplifient même au cœur de l’été.
Le soir les familles installées rue
d’Alès sont rejointes par des dizaines de personnes issues probablement du même
camp, mais relogées ailleurs, qui occupent l’espace public avec leurs
camionnettes où l’on charge et décharge du matériel de manière très animée en
bloquant la circulation. Les travailleurs sociaux sont-ils vraiment sur le site
ou absents parce que ce sont les vacances d’été ? On ne les voit pas et,
s’ils sont là, leur parole porte peu puisque rien ne change. Les policiers
municipaux sont souvent aperçus, tout comme la police nationale, pour le tapage
nocturne et le stationnement anarchique (milieu d’avenue et de rue, places
livraison, banque, handicap…) mais tout reprend dans la minute suivant leur
départ. Les mails à l’élu de quartier, les appels à Allo Toulouse se
multiplient.
Troisième épisode. Franck Biasotto, le responsable du Secteur Rive Gauche,
réunit à la mi-septembre les habitants en colère qui se sont exprimés par
mails, lettres et appels au numéro donné dans le courriel. La date de la
réunion a circulé de bouche à oreille car seuls les habitants qui sont sur la liste
de diffusion du secteur Rive Gauche en ont été normalement avertis. La salle
est pleine comme elle ne l’a jamais été, à l’image des centaines de mails, SMS,
lettres que l’élu dit avoir trouvé à son retour de vacances, témoignage de
problèmes récurrents, dont il dit réellement prendre conscience,
et d’un
immense mécontentement. Il s’y attendait, reconnaît-il, mais pas dans une telle
proportion. Résidents et commerçants exposent de vive voix les
innombrables nuisances supportées depuis l’installation des familles qui
continuent à vivre exactement comme elles le faisaient dans le camp de
Ginestous, sans se soucier le moins du monde de leur environnement. Les
témoignages affluent, rien que des faits et des constats, exempts de tout
propos raciste. L’élu du quartier se dit très satisfait de la grande tenue de
cette réunion, malgré la foule et la colère qui se manifeste.
Sont présents ce jour-là, pour
la première et unique
fois, les deux responsables des associations à
l’origine du projet. Affirmant s’appuyer
sur leur expérience, ils assurent l’assemblée qu’il suffit de patienter, qu’il
faut un délai de « huit mois »
avant que l’intégration se
fasse (ce qui semble alors déjà très long aux riverains les plus proches). Le
maire de quartier annonce une récupération du bâtiment pour réhabilitation et mise
en place de logements sociaux pour la fin 2019. Les représentants des
associations s’engagent à intervenir et à rappeler aux familles qu’elles ont
signé un contrat de bonne conduite et de respect du voisinage. Mais ils ne
semblent pas prendre la mesure du problème : pas un mot de réconfort ce
jour-là, pas un mea culpa, juste des certitudes et beaucoup de mépris. Des
riverains proposent de les accueillir chez eux le soir après 19h, pour que les
personnes qu’ils mandateront ou eux-mêmes jugent de visu et de façon auditive.
En vain, une responsable rappelle qu’elle ne reçoit les populations aidées que
dans les bureaux de l’association (quid des « travailleurs sociaux »
présents sur place tous les jours dont parlait la lettre de l’élu
municipal ?), et qu’à cette heure-là, ils sont fermés depuis longtemps.
Ils ne travaillent pas le soir : c’est ballot, car c’est tous les soirs et
la nuit que la situation devient insupportable. Quant à l’autre, très
silencieux et manifestement un peu plus compatissant et ennuyé que sa collègue,
le voilà parti bien avant la fin de la réunion. Au moins à la mairie promet-on
de faire passer plus souvent les services de nettoyage pour nettoyer immondices
et encombrants qui s’accumulent quotidiennement. Ce qui sera effectivement
fait, résolvant partiellement le problème d’hygiène et de pollution visuelle.
.
Quatrième épisode. Ce fut le seul moment dans cette histoire où les
habitants pensèrent être entendus et respectés dans leurs droits. Les nuisances
perdurent, s’amplifient et se diversifient de plus belle :
territorialisation d’un espace qui dépasse la rue d’Alès (au point que, côté
Garonne, on met en place une grille pour protéger la résidence de la Digue des
trafics en tous genres, des agressions et autres incivilités récurrentes,
transformant la rue d’Alès en impasse encore plus aisée à confisquer et
communautariser), rejet des populations résidentes, insultes racistes, vols
dans les magasins. Les plaintes aussi. Ainsi, deux mois plus tard les habitants
sont-ils informés que face à la persistance de nuisances et au non-respect
du contrat par une majorité de familles, la majorité d’entre elles ont été
déplacées. Seules six restent désormais.
Est-ce la réduction du
nombre ou les leçons de la fermeté envers les irrespectueux ? Un calme
relatif revient avec les familles qui restent. Les habitants ont le sentiment
d’avoir été entendus. Du moins par l’élu du quartier. Car côté associatif,
c’est le silence absolu. Les initiateurs du projet viennent-ils au moins sur le
terrain de temps à autre ? Mystère.
Cinquième épisode. Hélas, le répit n’est que provisoire. D’autres
populations non francophones apparaissent dans le bâtiment courant 2019, plus
nombreuses que les précédentes, encore plus irrespectueuses, bruyantes et
bagarreuses
(y compris avec les autres habitants de l’immeuble et avec les
riverains), ne cherchant pas à communiquer, essentiellement des Roms albanais
qui territorialisent la rue, entravent la circulation et empêchent les
résidents de se rendre aux places de parking louées ou achetées à proximité. Le
vacarme permanent jour et nuit reprend de plus belle, avec les vols et
agressions directes (coups, arrachages de portables etc.). Le trafic en
bas le soir aussi. Les résidents terrifiés n’osent même plus aller jusqu’à leur
place de parking puisqu’il fait passer par la rue d’Alès.
Face à ce déferlement
d’incivilités en tous genre, pas de nouvelles de la municipalité ou des
associations. Les habitants en colère pensent logiquement que la mairie a
modifié son projet et a réinstallé de nouvelles familles. Certains s’en
émeuvent par courrier, sans réponse. Lors de la réunion de juin 2019 où l’élu
du quartier et ses collaborateurs égrainent les différents volets de leur
action municipale, la question des squats, repoussée à la fin à une heure fort
tardive, ne leur apporte trop rapidement que des réponses vagues et partielles.
Qui sont ces gens, où en est le projet, que fait la mairie ? Ont-ils été
installés légalement comme les précédents? Ou illégalement, conseillés par les
associations ? Rien n’est dit de clair.
On apprend juste que le
départ d’une des associations un weekend, sans prévenir la mairie, a provoqué
(quelle étrange coïncidence !) l’installation immédiate de squatteurs bizarrement
prévenus. Que fait la municipalité face au squat? Est-elle seulement au
courant des nuisances ? Silence radio.
En conclusion, deux ans et
demi plus tard, rien ne semble bouger. On
est bien loin des « huit mois » d’intégration et de normalisation.
Bien au contraire, la situation a considérablement empiré
dans une indifférence générale. La police passe
régulièrement pour des bagarres, du tapage nocturne, mais rien ne change sur la
durée. La récupération du bâtiment par Toulouse Habitat n’a toujours pas lieu,
la fin de 2019 approche dans un immobilisme désespérant. Les squats de
l’avenue, le vacarme et les problèmes d’hygiène et de sécurité de la rue d’Alès
sont devenus le premier sujet de conversation
dans la rue, dans
les commerces, entre voisins. On se raconte la dernière nuit blanche, le
dernier réveil brutal, les rats dans les poubelles et les caves qui sont
revenus, voire la dernière agression verbale ou physique, la dernière entrave
agressive à la circulation.
Les habitants se sentent trahis
par la municipalité et abandonnés
et
cela d’autant plus qu’à à partir du mois de mai 2019, à la rue d’Alès et au
campement de Roms du carrefour Langlade
s’est donc ajouté l’immense
squat sur le site d’EDF, même si ce dernier ne pose pas autant de problèmes
aux habitants, la majorité (hélas pas tous) des squatteurs tentant de vivre
paisiblement et de s’intégrer. Seulement les habitants (à l’exception
évidemment des militants du Comité de quartier qui a multiplié les recours pour
retarder le projet) attendaient avec impatience les nouvelles constructions de
standing prévues sur le site d’EDF et l’installation de services (Poste,
commerces, services administratifs …) pour redonner un nouveau dynamisme et de
la valeur au quartier, atténuer l’image désormais insécure, dégradée et
paupérisée véhiculée par les squats et les populations installées depuis plus
de deux ans par les associations. L’espoir a été, des mois durant, que cette
opération de standing, ferait monter la valeur foncière (en panne par rapport à
d’autres quartiers proches « à cause de l’environnement », comme le
disent pudiquement les agences immobilières) et surtout aiderait à la
résorption du problème de la rue d’Alès qui fait vivre un enfer à tous.
2.
Il
suffisait de demander…
C’est alors qu’une résidente
rencontre Jean-Luc Moudenc
et l’informe de l’ampleur du problème.
Réellement inquiet face à ce qui lui est rapporté et dont il ignorait
l’ampleur, le Maire diligente aussitôt une réunion d’information à l’intention
des résidents et commerçants pour faire le point en face à face, bien que le
bâtiment ne soit pas propriété de la Mairie mais de Toulouse Habitat.
Une délégation
(deux résidents, un commerçant) participe ainsi à une
réunion multipartite
où sont présents la plupart des services
concernés : Toulouse Habitat ; l’élu chargé des solidarités, Daniel
Rougé ; des personnes chargées de la lutte contre l’exclusion et/ou du
secteur Rive gauche travaillant avec Franck Biasotto.
Et les habitants apprennent et
comprennent enfin de quoi il s’agit et ce qui se profile.
Primo, pourquoi il y a toujours
des gens rue d’Alès en dépit des délais et projets annoncés initialement par
l’élu de quartier. Profitant du relogement, comme prévu, d’une partie des gens
du voyage et du départ avant terme d’une des associations qui
« oublie » ( !) de prévenir la mairie, le bâtiment a été
aussitôt squatté par des populations migrantes, essentiellement une colonie de
Roms albanais, qui s’étoffe de jour en jour, soutenus par une autre association
(dont on n’apprendra pas le nom) qui, elle, refuse de collaborer avec les
services municipaux. On a donc changé de problématique : Toulouse
Habitat et la Mairie sont victimes eux aussi, l’installation est donc
illégale, le dialogue difficile et la procédure, car plainte a été déposée,
suit son cours.
Par contre s’il reste encore deux
familles parmi les 6 qui avaient été laissées sur place dans les premiers mois
du projet, et si les services de la Mairie ont accepté d’en installer d’autres,
c’est justement parce que « la nature a horreur du vide » et qu’il
fallait éviter que le reste de l’immeuble ne soit squatté à son tour
en
attendant le début de l’opération immobilière. C’est une stratégie, du
pragmatisme, et non une trahison par rapport à ce qui avait été annoncé en août
2017.
Deuxio, c’est la bonne nouvelle. Suite
à la plainte déposée, la délégation apprend que la Justice a enfin tranché, que
ces populations extra-européennes non éligibles au statut de réfugié, doivent
être expulsées, qu’elles ont même reçu un commandement à quitter les lieux
au premier juillet 2020 (prise en compte, malgré l’illégalité, de la trêve
hivernale et scolaire, même s’il ne semble pas que les enfants, à une exception
près récemment arrivée, fréquentent l’école) ; qu’en cas de refus, il y
aura appel au Concours de la Force Publique, qui lui-même devra attendre
en termes d’effectifs que le contexte soit favorable, et qui peut être
contrarié par un appel de la part des squatteurs. Normalement, courant
2020, ce squat, comme celui d’EDF, devrait être évacué. Mais on comprend au moins
que la Mairie sait, et qu’elle agit.
Tertio, les travaux prévus
auront bien lieu, retardés par le squat
du numéro 3 de l’immeuble : ils commenceront en 2020 sur les numéros 1 et
5 (permis de construire en l’ars, début des travaux en octobre, marquant la
fin de la mise à disposition des locaux
aux populations logées par Toulouse
métropole Habitat) pour livraison en janvier 2022.
Ainsi, les habitants comprennent
enfin ce qui se passe, sont informés de la procédure et ont enfin un horizon
temporel en tête. Ils ne sont plus dans le fatalisme et se rendent compte que
l’immobilisme n’est qu’apparent et que, contre toute attente, non seulement
la mairie est consciente des nuisances
(ses services ont en leur possession
des photos d’un récent dépôt sauvage, ils ont connaissance des pratiques
mafieuses et du trafic le soir, les statistiques des interventions police
fréquentes, des plaintes…) mais qu’elle agit en amont.
Mais en silence
et de façon invisible pour les principaux concernés, et c’est bien là le
problème.
Enfin, par la même occasion, la délégation est informée dans
le détail de l’évolution de la procédure en cours pour le squat EDF, qui
n’était pas l’objet de la réunion mais qui est évoqué régulièrement en
réunions mensuelles bipartites avec la Préfecture, plus facile malgré le
nombre car facilitée par le travail de France Horizon qui aide au recensement,
aujourd’hui achevé. A cette occasion les habitants apprennent que 90 squats
ont été évacués
à Toulouse en 2019. En dépit des apparences, la Mairie agit
donc bien dans l’ombre.
A l’issue de cette réunion où
toutes les parties ont pu s’exprimer en toute confiance et sans procès
d’intention, la délégation ressort rassurée et consciente qu’à la municipalité,
on ne les oublie pas. Ils ont reçu la promesse de faire passer encore plus souvent
les services chargés de l’enlèvement des encombrants et de multiplier le soir
les interventions de la police municipale
pour éviter agressions et tapage
nocturne (et par la même occasion les deals et l’afflux de populations
extérieures rue d’Alès). Ce qui a été fait, de toute évidence, car le calme
revient dans les jours qui suivent, aidé en cela il est vrai par les
intempéries qui n’incitent pas les squatteurs à rester dehors jusque tard dans
la nuit.
Les résidents sont donc rassurés,
mais perplexes. Pourquoi ne pas avoir les informés auparavant ? Ils ne
demandaient pourtant pas que l’on rase gratis demain, ni une solution à court
terme, ce sont des adultes responsables, non militants ni idéologues, qui
voulaient simplement se savoir soutenus et comprendre ce qui se passait. Lors
de cette réunion, on leur a simplement expliqué patiemment et avec force détail
les procédures en cours, la lenteur de l’Etat de droit, les blocages
juridiques, tout ce qui pourrait encore retarder la fin du cauchemar, leurs
interlocuteurs ont exposé qui fait quoi entre la Préfecture, les bailleurs
sociaux et la Mairie, les attributions des uns et des autres, les périmètres
d’action respectifs et les espaces de collaboration. La confiance, et l’espoir,
reviennent. Il suffisait de peu.
Presque rien en fait. Comment n’y
a-t-on pas pensé auparavant ? Pourquoi avoir laissé monter à ce point
l’inquiétude, le désespoir et la colère ? Dans un autre quartier que cette
avenue de Muret très métissée ethniquement, une telle absence d’information et
de considération aurait même pu faire monter de façon prodigieuse racisme et
xénophobie, l’inverse de ce qui était recherché. Il y a donc des leçons à tirer
de ce fiasco.
3.
Les
leçons de l’histoire. Il faudrait, pour le prochain mandat :
Primo, de la
pédagogie : informer régulièrement sur les procédures en cours et les
responsabilités,
Il s’agit déjà d’expliquer
clairement, et régulièrement, qui fait quoi, en d’autres termes
qui a la charge de quoi, ou dans le langage des administrés, qui est
« responsable ». Tout le monde ne maîtrise pas nécessairement les
procédures juridiques, et encore moins les compétences des uns et des autres.
Nous sommes à Toulouse, c’est donc, pour la majeure partie de nos concitoyens,
comme on l’entend dans les conversations de rue, la Mairie qui est
responsable de tout,
traduit en clair par « l’adjoint en charge du
quartier qui s’en fiche » ou « Moudenc qui ne fait rien »
ou pire, « qui ne veut rien faire ». Or il n’en est
rien.
Car pourtant non, le squat de la
rue d’Alès ne relève pas de la Mairie directement, même si celle-ci a été
associée au projet initial et que l’adjoint responsable du secteur est aussi le
président du bailleur social qui a fait l’acquisition du bâtiment. Et quand
bien même : on n’expulse pas comme ça, par simple appel à la force
publique, des gens illégalement installés sur sa propriété privée. C’est déjà
au propriétaire de porter plainte, ce que Toulouse Habitat a bel et bien
fait mais ce qu’ignoraient les riverains, tenus désinformés de ce qui se
jouait sous leurs fenêtres et dont ils sont les victimes. C’est la Justice qui
vient de trancher : à la date prévue ces squatteurs devront partir et, en
cas de refus, ce sera à la Préfecture d’ordonner le Concours de la Force
Publique pour les expulser, en supposant qu’entre-temps ces habitants illégaux
(ou plus exactement l’association qui les a installés) n’aient pas introduit
une nouvelle action en justice retardant de facto l’expulsion.
Non, le squat EDF sur l’îlot
Oasis ne relève pas non plus de la mairie puisqu’il s’agit d’un propriétaire
privé, en l’occurrence EDF, qui seul a été en mesure de porter plainte et de
mener l’action en justice : c’est la Justice qui, pour des raisons
humanitaires, a décidé initialement de ne pas expulser les squatteurs, la
nécessité d’avoir un toit étant considérée comme prioritaire sur les intérêts
privés du propriétaire, et c’est encore la Justice qui , dans un second temps,
a décidé qu’il fallait prendre des mesures d’expulsion pour des raisons de sécurité
(risques électriques). Et c’est la Préfecture qui décidera un jour quand et
comment cela devra être fait avec le CFP.
Les procédures sont longues et
difficiles, et cela d’autant plus que
les cas se multiplient et que la Justice est débordée. En l’état actuel de la
législation, on ne peut faire autrement. C’est le revers de l’Etat de
droit. Sans doute, avec l’inflation des cas à traiter et l’habilité des
personnes en infraction de jouer avec les textes de loi, de multiplier les
appels, et de retarder leur expulsion, qui intervient de toutes manières tôt ou
tard, un squat n’étant jamais appelé à rester, faudra-t-il revoir ces
procédures, redonner aux propriétaires la faculté de retrouver plus rapidement
le droit de jouir de leur bien. C’est exactement la même problématique que pour
les expulsions du territoire national pour les personnes qui ont été jugée non
habilitées à y rester, il y a souvent un fossé, notamment temporel, entre la
décision de justice et son exécution, ou pire sa non-exécution. Mais c’est là
un problème national. A l’électeur de voter pour les candidats qui proposent
d’y remédier. La municipalité n’y est pour rien. Mais l’électeur lambda, qui
ne sait pas grand-chose des attributions de chacun, des règles de droit et du
partage des compétences, si on ne le lui explique pas, ne le sait pas. Et
tourne logiquement sa colère vers l’élu de proximité, ou l’équipe dont il est
membre.
La proposition qui s’impose est ainsi
que résidents et commerçants soient régulièrement informés (réunions , lettres
et mails, présence annoncée de l’élu de quartier dans l’avenue …) ; que
pour chaque opération de ce genre ils aient aussi un référent unique (
un nom, un mail direct, un numéro de téléphone) pour faire remonter les
informations et doléances et éviter l’actuelle dispersion des témoignages ou la
résignation inévitable quand on ne sait pas à qui s’adresser exactement ;
et que cet interlocuteur référent soit clairement indiqué sur
des courriels réguliers
qui tiendront les habitants informés de
l’évolution du projet ou de ses éventuelles modifications.
Reconnaître
les résidents et commerçants comme des co-acteurs
A contrario il faut que les
personnes qui vivent et travaillent sur place et dont la vie quotidienne et
professionnelle est impactée par les décisions municipales, ou dans lesquelles
la Mairie est un partenaire essentiel, soient aussi reconnues comme
co-acteurs : tout projet devrait avoir ainsi un ou plusieurs référents
chez les résidents et commerçants, désigné(s) ou élu(s) lors de la première
réunion d’information, chargé(s) de collecter les doléances et les remarques et
de les faire remonter, clairement
indiqué(s) sur les courriels ou courriers de la mairie. Si l’on n’est pas au
courant des problèmes ou de leur aggravation, on ne risque pas de les corriger.
Il faut aussi faire en
sorte que l’écoute offerte soit bienveillante, dans la confiance et sans procès
d’intention. C’est-à-dire sans filtre de gauche (ou influencée
par le gauchisme culturel du genre LREM ou centrisme) faisant voir tout migrant
comme une victime intouchable et indemne de tout reproche et toute personne qui
se plaint face aux incivilités commises par une personne étrangère comme un
xénophobe ou raciste patenté. Les résidents gardent encore
douloureusement le souvenir de leurs premiers appels à Allo Toulouse,
comme
l’avait pourtant proposé le maire de quartier dans son premier courrier. Dans
le meilleur des cas on leur demandait d’un air docte d’être patients, comme
s’ils étaient des empêcheurs de tourner en rond, et non des victimes, mais
beaucoup ont eu la désagréable et humiliante expérience de se faire administrer
des leçons d’humanité quand ce ne sont pas des accusations directes de racisme. Et l’inversion de culpabilité fait mal !
Ces malheureuses
expériences ont été remontées vers l’élu du quartier qui a promis de revoir les
conditions de l’accueil téléphonique, d’y expliquer la situation afin qu’on y
montre davantage de compréhension et de respect de l’appelant. De toute évidence
ce fut fait, mais trop tard. Car, peine perdue, la plupart des résidents,
découragés, humiliés, avaient cessé de témoigner depuis longtemps.
Du moins
de considérer la municipalité comme un interlocuteur valable, se tournant alors
dans leurs doléances vers d’autres partis d’opposition, jugés davantage à
l’écoute.
Un numéro dédié, d’écoute et
de collecte des informations
(mieux
adapté que le mail pour les personnes âgées) permettrait en outre aux services
municipaux, et aux associations auxquelles les témoignages et plaintes seraient
transmis, de mieux mesurer l’ampleur des problèmes et du mécontentement
au-delà
de statistiques nécessairement faussées.
Lors de la réunion de
septembre 2017 l’élu de quartier a mentionné avoir été surpris par l’avalanche
de mails et sms reçus pendant l’été alors que les « statistiques de la
police nationale ne montraient pas une hausse des incivilités
»
(sic). Et pour cause ! Les habitants et commerçants ont fait valoir
que personne n’allait perdre une demi-journée (encore moins s’il faut la
renouveler régulièrement) au poste de police pour porter plainte contre des
gens difficilement identifiables, avec risques évidents de représailles, pour
une serrure de voiture forcée, un portail dégondé, une boîte à lettre forcée,
une insulte dans la rue, un dépôt d’ordures sauvage, un poulet volé dans une
rôtisserie et la grivèlerie quotidienne dans les épiceries ! Surtout qu’il
s’agit financièrement de petits délits dont le montant de la réparation ne
dépasse pas la franchise, donc non couverts ou à peine par les assurances. Les
commerçants les plus impactés se sont équipés et débrouillés seuls :
caméras vidéo, batte de baseball derrière le comptoir pour tenter d’éviter les
vols et les menaces.
En outre un numéro dédié, une
personne référente, permettrait de « vider son sac » et de se sentir
moins seul. Il ne s’agit pas de demander une intervention immédiate, une
solution spontanée. Mais de savoir que l’on n’est pas considéré comme un
citoyen de seconde zone, de se rassurer en se disant que désormais on sait ce
qui se passe à la municipalité. Ce qui, jusqu’à ces derniers jours, n’était pas
évident.
Obliger les
associations partenaires à dialoguer avec les résidents
C’est sans
doute là le manquement principal. Lorsqu’un projet est confié à une ou
plusieurs associations, par exemple en termes d’aide aux migrants, elles «
oublient » singulièrement de traverser la rue
et de demander AUSSI
aux commerçants et habitants quels sont les effets du projet, si cela se passe
bien, s’il y a des choses à corriger ...
Les
résidents n’ont rencontré les deux représentants de Soleilha31 et France
Horizon qu’une seule fois en deux ans et demi, le jour de la réunion
d’information de septembre 2017. L’un d’eux a été parfois aperçu de l’autre
côté de la route avec les squatteurs (rue d’Alès et sur le squat EDF) et ce
qu’il reste des populations initialement installées, mais personne parmi les
commerçants et résidents interrogés ne l’ont jamais vu traverser la rue,
s’enquérir auprès des gens qui vivent là de l’évolution de la cohabitation, de
la résolution éventuelle des nuisances évoquées deux ans auparavant… Quant à
l’autre …
On espère
que la leçon sera entendue et que les responsables d’associations, dont le
colistier de Jean-Luc Moudenc, n’hésiteront plus à consulter les résidents,
rendre visite aux commerçants pour les tenir au courant de l’avancée des
projets. Ou simplement leur demander comment ils vont. Car eux aussi peuvent
aller très mal.
Apprendre de
ses erreurs
Reconnaître
que pour qu’une personne ou une famille s’intègre, adapte son mode de vie à
l’environnement qu’elle rejoint, avec cette règle d’or que la liberté de chacun
s’arrête là où commence celle des autres, il faut créer de la mixité sociale, l’isoler du groupe d’où elle sort.
Mettre ensemble plusieurs dizaines de
personnes habituées à vivre nuitamment bruyamment en plein air ne les incitera
pas à abandonner ce mode de vie, bien au contraire. Comment avoir pu
imaginer que loger en un même immeuble 22 familles nombreuses, rejointes le
soir par d’autres personnes, par dizaines, du camp dont elles étaient
originaires, les inciterait à s’intégrer « en huit mois
». Au contraire,
on a assisté à un procédé de territorialisation communautaire et agressive, cherchant
à exclure et décourager les résidents antérieurs dans un périmètre
élargi.
S’occuper de « ceux qui ne
vont pas bien » ne doit pas conduire à créer des nuisances chez
d’autres qui, à leur tour, n’iront pas bien du tout.
Surtout si c’est pour
ensuite les oublier totalement et se désintéresser de leur sort. Le deux poids
deux mesures est toujours vécu comme une injustice. Et provoque des votes
contestataires. Mais il est vrai que lors des réunions de quartiers, quand
le sujet a été abordé, il a été aisé de constater qu’AUCUN des défenseurs de
ces populations qui refusent de s'intégrer et imposent leur mode de vie aux
autres ne vivait dans le quartier où ils ont contribué à les installer et où
ils favorisent leur maintien.
Il s’agit aussi de se préoccuper
de tous ceux qui sont en situation de mal logement
et pas simplement des
migrants d’Afrique et des populations nomades venant d’Europe de l’Est ou, de
plus en plus, des Balkans. L’avenue de Muret, par exemple, connaît un certain
nombre de SDF français, connus et appréciés par les résidents depuis des
années, et qui restent en situation de grande précarité, logés en caravane, en
voiture ou en squat. Il est vrai que ces personnes ont toutes un ou plusieurs
chiens, ce qui les exclut de nombreux foyers. Sans doute serait-il bon de
penser aussi à eux et de leur proposer a minima
des logements
collectifs avec chenil ou chambres où les chiens sont admis, voire de vrais
logements à eux aussi, comme aux populations migrantes. Le fait qu’ils soient
Européens et souvent Français n’en fait pas pour autant des pauvres de seconde
zone. Sinon on accentue le sentiment de deux poids de mesure et de préférence
communautaire de la part des associations.
Ces populations installées doivent
être obligées à se plier aux règles du droit au même titre que les autres
résidents. Autant dire que furent et sont très mal vécus les inévitables
contraventions des résidents, sur une zone devenue partiellement payante et
avec de nombreuses places réservées, sanctions normales, fréquentes, quasi
immédiates, alors que des camions et camionnettes, de grosses voitures
squattaient tous les jours les places livraison, banques ou handicapés ou,
stationnées en pleine rue, entravaient le passage en toute impunité.
Aujourd’hui la circulation est encore empêchée impasse d’Alès, par des
véhicules ou par des bandes, rendant aujourd’hui encore quasi impossible
l’accès des automobilistes à un parking qu’ils louent ou ont acheté dont la
seule entrée (pour ceux qui n’habitent pas la barre Beaulieu) passe par la
grille fermant la rue d’Alès.
Enfin, le cas des gens du voyage
sédentarisés, comme l’étaient les populations de Ginestous, a démontré que deux
ans et demi plus tard, ils vivent encore majoritairement dehors, dans la
rue, sur des parkings proches, en tribu, se retrouvant, parlant fort, se
disputant bruyamment, mangeant ensemble la nuit à l’extérieur ou sur les
balcons. De toute évidence la vie
enfermée ne leur convient pas. Peut-être faut-il plutôt favoriser
l’installation en camp et caravanes dotées de tout le confort moderne et mettre
plutôt l’accent sur la scolarisation des enfants, l’apprentissage de la langue
et sur l’acquisition des règles de droit, l’accès à l’emploi. Il n’est pas
certain que de leur côté l’accès à un logement fermé et individuel ait été leur
première priorité.
Il ne faut pas juger de leurs besoins au travers de
notre prisme culturel, dans une approche misérabiliste qui frise le
néo-colonialisme et que l’on trouve dans trop d’associations dites humanitaires.
A défaut de quoi,
nombre
de résidents et commerçants, exaspérés par les nuisances persistantes et
convaincus que rien ne se passe ni ne se passera, fatalistes et en colère face
au silence de la Mairie et surtout à l’indifférence totale (le mépris ?)
des associations responsables de ces projets, légaux ou non, perdent patience
et menacent de diriger leurs votes vers des candidats qui, eux, semblent
davantage à l’écoute de leurs problèmes.
Car le
vivre-ensemble, c’est dans les deux sens que cela se passe. Et ceux à qui des élus et associations extérieurs
imposent des résidents allogènes qui n’ont pas les mêmes façons de vivre, voire
indélicats et qui occasionnent des nuisances, aimeraient aussi que lesdites
associations aient la décence de leur demander aussi, de temps à autre, s’ils
vont bien et comment cela se passe pour eux. Résidents et commerçants ne sont
pas des citoyens de seconde zone, indignes de respect, ni des
« racistes » lorsqu’ils exposent ce qu’ils endurent, juste des
Toulousains qui tiennent à rappeler que le « vivre-ensemble » suppose
un respect mutuel et une vision du monde moins hémiplégique et manichéenne que
celle que véhiculent de nombreuses associations dites solidaires ou
humanitaires.