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Municipales Toulouse       « S’occuper aussi de ceux qui vont mal »  (Deuxième partie )

  • par Natacha Gray
  • 10 déc., 2019

Ensemble, cela veut dire avec tout le monde, i.e. sans oublier personne !


Ensemble, cela veut dire avec tout le monde, i.e. sans oublier personne !


Si la mairie fait déjà beaucoup dans l’action sociale (cf la 1ère partie de cette tribune Municipales Toulouse S occuper aussi de ceux qui vont mal Part1), elle peut faire encore mieux. Ses partenaires associatifs aussi, et surtout ! Et notamment en direction de ceux qui vont souvent mal, eux aussi, résidents et commerçants, victimes par ricochet des politiques de relogement des populations migrantes portées par les associations, ou de leur installation spontanée sous forme de squats (avec ou sans la complicité desdites associations).

 

Nous partirons ici, parce que l’auteur de ces lignes ne le connaît que trop bien, de l’exemple de l’avenue de Muret (1ère et 2èmepartie), en particulier d’une opération de relogement de moyenne durée de 22 familles nombreuses du camp de Ginestous dans un immeuble sis aux 1, 3 et 5 de la rue d’Alès (dont une façade donne sur l’avenue), opération portée par la Mairie de Toulouse sur proposition de deux associations, Soleiha 31 et France Horizon. Ce provisoire est malheureusement devenu durable, certaines populations initiales étant aujourd’hui remplacées par d’autres populations migrantes alors que le reste, qui devait s’intégrer « en huit mois » ( !) est toujours dans les locaux, ayant très peu changé son mode de vie en presque trente mois de présence, faisant de la vie des riverains un véritable enfer quotidien, dans l’indifférence totale des associations partenaires dont l’une a, semble-t-il, complètement disparu de la circulation, indifférente aux conséquences d’un projet dont elle était pourtant co-initiatrice. Quant à l’autre, par la personne de son président pour la région Occitanie, la voilà désormais promue … colistière de Jean-Luc Moudenc sur la liste « Toulouse ensemble » !

Nous aimerions à cette occasion rappeler à ce militant humanitaire que « ensemble » veut dire « avec tout le monde », sans mépris ni a priori, y compris envers les populations résidentes et les commerçants du quartier qui ne mordent pas et méritent sans doute, eux aussi, que l’on s’intéresse également à leur sort, surtout quand ils vont mal. Soulignons également que le chef de file de La République en marche, dont ce responsable associatif semble s’inspirer, a prétendu il y a quelques mois qu’il n’y avait rien de plus simple que de « traverser la rue ». Deux ans et demi après le lancement de ce projet et une brève apparition de ce responsable lors d’une réunion de quartier, nous attendons toujours qu’il le fasse (certes c’est une avenue, légèrement plus large qu’une rue) et vienne un jour aux nouvelles. Et qu’informe la Municipalité de façon impartiale.

 

 Le lecteur pressé pourra directement se rendre à la troisième partie qui est une série de propositions pour pallier les erreurs passées et améliorer la politique d’aide sociale au logement. Désormais partenaires du Maire et de ses services, nous espérons que les associations auront désormais une politique globale et non hémiplégique et que, engageant maintenant toute une équipe au service du Bien commun, elles seront davantage dans la prise en compte des intérêts de tous et non plus de quelques-uns.  

 

 

1.   Reprenons pour commencer l’exemple de la rue d’Alès, symptomatique d’un manque criant d’information et d’un fiasco en termes de méthodologie du « vivre ensemble »

 

Premier épisode. En juillet 2017 les résidents assistent, incrédules, à l’installation de 22 familles (nombreuses !) de gens du voyage aux numéros 3 et 5 de la rue d’Alès (le n°1 étant occupé depuis l’hiver par des femmes avec enfants), dont une partie des fenêtres donne sur l’avenue de Muret. Il n’y a eu aucune information initiale ni postérieure à l’installation. Les résidents sont d’autant plus désemparés que les nuisances se multiplient aussitôt : vacarme diurne et nocturne, d’autant plus traumatisant qu’en plein été il n’est plus possible d’ouvrir ses fenêtres le soir, dépôts d’ordures en masse sur la voirie (encombrants mais aussi immondices), apparition de rats jusqu’alors inconnus dans le quartier, vols à l’arrachée et à la roulotte, occupation de l’espace public et de propriétés privées, y compris en forçant le portail, stationnement anarchique surtout le soir de camionnettes qui entravent la circulation, mendicité souvent agressive… Des dizaines d’enfants jouent jusque tard dans la rue ou sur la place de la Croix de Pierre, très bruyamment, traversent l’avenue et le giratoire, lieux à forte circulation, sans regarder. Les riverains automobilistes témoignent effrayés de dizaines d’accidents évités de justesse.  

 

Second épisode. Ce n’est que début août, enfin, que l’adjoint au maire responsable du secteur fait déposer une lettre explicative dans les boîtes aux lettres des résidents et leur explique enfin ce qui se passe et qui sont ces nouveaux arrivants. Toulouse Habitat a acquis le bâtiment pour un projet de logement mais a accepté de le mettre à la disposition de la ville de Toulouse. Le fait qu’un adjoint au maire, élu du quartier, soit aussi le président du bailleur social a sans doute favorisé le montage de l’opération. Un lieu d’hébergement y est ainsi ouvert au n°1 depuis l’hiver 2016-2017 pour femmes isolées (25 places), géré par l’association Le Touril. Les numéros 3 et 5 ont été remis en état par la ville de Toulouse et 22 familles du camp de Ginestous, qui vient d’être démantelé, y sont donc accueillies depuis l’été. A l’initiative du projet se trouvent deux associations, Soleilha31 et France Horizon, chargées de l’accompagnement social. Ces familles en effet, explique-t-il dans son courrier, ont intégré un « dispositif d’insertion sociale et professionnelle » et signé un règlement intérieur et une convention qui les engage à la scolarisation des enfants, l’apprentissage du français, la recherche d’un emploi … Des travailleurs sociaux seront « présents sur le site tous les jours (sic !) afin de sensibiliser les occupants notamment sur le respect du voisinage et le traitement des ordures ménagères ». Le numéro d’Allo Toulouse est rappelé afin qu’en cas « d’incivilités » de « manquement au respect des règles d’occupation de l’espace public », une « équipe de la police municipale soit dépêchée sur place ». M. Biasotto ajoute qu’en accord avec Olivier Arsac, en charge de la Sécurité publique, les agents de la police municipale seront « davantage présentes sur le secteur, notamment en soirée, afin d’assurer la sécurité de tous ».

De toute évidence les nuisances prévisibles, et hélas effectives, étaient prévues. Malheureusement elles ne cessent pas pour autant et s’amplifient même au cœur de l’été. Le soir les familles installées rue d’Alès sont rejointes par des dizaines de personnes issues probablement du même camp, mais relogées ailleurs, qui occupent l’espace public avec leurs camionnettes où l’on charge et décharge du matériel de manière très animée en bloquant la circulation. Les travailleurs sociaux sont-ils vraiment sur le site ou absents parce que ce sont les vacances d’été ? On ne les voit pas et, s’ils sont là, leur parole porte peu puisque rien ne change. Les policiers municipaux sont souvent aperçus, tout comme la police nationale, pour le tapage nocturne et le stationnement anarchique (milieu d’avenue et de rue, places livraison, banque, handicap…) mais tout reprend dans la minute suivant leur départ. Les mails à l’élu de quartier, les appels à Allo Toulouse se multiplient.

 

Troisième épisode. Franck Biasotto, le responsable du Secteur Rive Gauche, réunit à la mi-septembre les habitants en colère qui se sont exprimés par mails, lettres et appels au numéro donné dans le courriel. La date de la réunion a circulé de bouche à oreille car seuls les habitants qui sont sur la liste de diffusion du secteur Rive Gauche en ont été normalement avertis. La salle est pleine comme elle ne l’a jamais été, à l’image des centaines de mails, SMS, lettres que l’élu dit avoir trouvé à son retour de vacances, témoignage de problèmes récurrents, dont il dit réellement prendre conscience, et d’un immense mécontentement. Il s’y attendait, reconnaît-il, mais pas dans une telle proportion. Résidents et commerçants exposent de vive voix les innombrables nuisances supportées depuis l’installation des familles qui continuent à vivre exactement comme elles le faisaient dans le camp de Ginestous, sans se soucier le moins du monde de leur environnement. Les témoignages affluent, rien que des faits et des constats, exempts de tout propos raciste. L’élu du quartier se dit très satisfait de la grande tenue de cette réunion, malgré la foule et la colère qui se manifeste.

 

Sont présents ce jour-là, pour la première et unique fois, les deux responsables des associations à l’origine du projet. Affirmant s’appuyer sur leur expérience, ils assurent l’assemblée qu’il suffit de patienter, qu’il faut un délai de « huit mois » avant que l’intégration se fasse (ce qui semble alors déjà très long aux riverains les plus proches). Le maire de quartier annonce une récupération du bâtiment pour réhabilitation et mise en place de logements sociaux pour la fin 2019. Les représentants des associations s’engagent à intervenir et à rappeler aux familles qu’elles ont signé un contrat de bonne conduite et de respect du voisinage. Mais ils ne semblent pas prendre la mesure du problème : pas un mot de réconfort ce jour-là, pas un mea culpa, juste des certitudes et beaucoup de mépris. Des riverains proposent de les accueillir chez eux le soir après 19h, pour que les personnes qu’ils mandateront ou eux-mêmes jugent de visu et de façon auditive. En vain, une responsable rappelle qu’elle ne reçoit les populations aidées que dans les bureaux de l’association (quid des « travailleurs sociaux » présents sur place tous les jours dont parlait la lettre de l’élu municipal ?), et qu’à cette heure-là, ils sont fermés depuis longtemps. Ils ne travaillent pas le soir : c’est ballot, car c’est tous les soirs et la nuit que la situation devient insupportable. Quant à l’autre, très silencieux et manifestement un peu plus compatissant et ennuyé que sa collègue, le voilà parti bien avant la fin de la réunion. Au moins à la mairie promet-on de faire passer plus souvent les services de nettoyage pour nettoyer immondices et encombrants qui s’accumulent quotidiennement. Ce qui sera effectivement fait, résolvant partiellement le problème d’hygiène et de pollution visuelle. .

 

Quatrième épisode. Ce fut le seul moment dans cette histoire où les habitants pensèrent être entendus et respectés dans leurs droits. Les nuisances perdurent, s’amplifient et se diversifient de plus belle : territorialisation d’un espace qui dépasse la rue d’Alès (au point que, côté Garonne, on met en place une grille pour protéger la résidence de la Digue des trafics en tous genres, des agressions et autres incivilités récurrentes, transformant la rue d’Alès en impasse encore plus aisée à confisquer et communautariser), rejet des populations résidentes, insultes racistes, vols dans les magasins. Les plaintes aussi. Ainsi, deux mois plus tard les habitants sont-ils informés que face à la persistance de nuisances et au non-respect du contrat par une majorité de familles, la majorité d’entre elles ont été déplacées. Seules six restent désormais.

 Est-ce la réduction du nombre ou les leçons de la fermeté envers les irrespectueux ? Un calme relatif revient avec les familles qui restent. Les habitants ont le sentiment d’avoir été entendus. Du moins par l’élu du quartier. Car côté associatif, c’est le silence absolu. Les initiateurs du projet viennent-ils au moins sur le terrain de temps à autre ? Mystère.

 

Cinquième épisode. Hélas, le répit n’est que provisoire. D’autres populations non francophones apparaissent dans le bâtiment courant 2019, plus nombreuses que les précédentes, encore plus irrespectueuses, bruyantes et bagarreuses (y compris avec les autres habitants de l’immeuble et avec les riverains), ne cherchant pas à communiquer, essentiellement des Roms albanais qui territorialisent la rue, entravent la circulation et empêchent les résidents de se rendre aux places de parking louées ou achetées à proximité. Le vacarme permanent jour et nuit reprend de plus belle, avec les vols et agressions directes (coups, arrachages de portables etc.). Le trafic en bas le soir aussi. Les résidents terrifiés n’osent même plus aller jusqu’à leur place de parking puisqu’il fait passer par la rue d’Alès.

Face à ce déferlement d’incivilités en tous genre, pas de nouvelles de la municipalité ou des associations. Les habitants en colère pensent logiquement que la mairie a modifié son projet et a réinstallé de nouvelles familles. Certains s’en émeuvent par courrier, sans réponse. Lors de la réunion de juin 2019 où l’élu du quartier et ses collaborateurs égrainent les différents volets de leur action municipale, la question des squats, repoussée à la fin à une heure fort tardive, ne leur apporte trop rapidement que des réponses vagues et partielles. Qui sont ces gens, où en est le projet, que fait la mairie ? Ont-ils été installés légalement comme les précédents? Ou illégalement, conseillés par les associations ? Rien n’est dit de clair. On apprend juste que le départ d’une des associations un weekend, sans prévenir la mairie, a provoqué (quelle étrange coïncidence !) l’installation immédiate de squatteurs bizarrement prévenus. Que fait la municipalité face au squat? Est-elle seulement au courant des nuisances ? Silence radio.

 

 

En conclusion, deux ans et demi plus tard, rien ne semble bouger. On est bien loin des « huit mois » d’intégration et de normalisation. Bien au contraire, la situation a considérablement empiré dans une indifférence générale. La police passe régulièrement pour des bagarres, du tapage nocturne, mais rien ne change sur la durée. La récupération du bâtiment par Toulouse Habitat n’a toujours pas lieu, la fin de 2019 approche dans un immobilisme désespérant. Les squats de l’avenue, le vacarme et les problèmes d’hygiène et de sécurité de la rue d’Alès sont devenus le premier sujet de conversation dans la rue, dans les commerces, entre voisins. On se raconte la dernière nuit blanche, le dernier réveil brutal, les rats dans les poubelles et les caves qui sont revenus, voire la dernière agression verbale ou physique, la dernière entrave agressive à la circulation.

Les habitants se sentent trahis par la municipalité et abandonnés et cela d’autant plus qu’à à partir du mois de mai 2019, à la rue d’Alès et au campement de Roms du carrefour Langlade s’est donc ajouté l’immense squat sur le site d’EDF, même si ce dernier ne pose pas autant de problèmes aux habitants, la majorité (hélas pas tous) des squatteurs tentant de vivre paisiblement et de s’intégrer. Seulement les habitants (à l’exception évidemment des militants du Comité de quartier qui a multiplié les recours pour retarder le projet) attendaient avec impatience les nouvelles constructions de standing prévues sur le site d’EDF et l’installation de services (Poste, commerces, services administratifs …) pour redonner un nouveau dynamisme et de la valeur au quartier, atténuer l’image désormais insécure, dégradée et paupérisée véhiculée par les squats et les populations installées depuis plus de deux ans par les associations. L’espoir a été, des mois durant, que cette opération de standing, ferait monter la valeur foncière (en panne par rapport à d’autres quartiers proches « à cause de l’environnement », comme le disent pudiquement les agences immobilières) et surtout aiderait à la résorption du problème de la rue d’Alès qui fait vivre un enfer à tous.

 

 

 

2.               Il suffisait de demander…

 

C’est alors qu’une résidente rencontre Jean-Luc Moudenc et l’informe de l’ampleur du problème. Réellement inquiet face à ce qui lui est rapporté et dont il ignorait l’ampleur, le Maire diligente aussitôt une réunion d’information à l’intention des résidents et commerçants pour faire le point en face à face, bien que le bâtiment ne soit pas propriété de la Mairie mais de Toulouse Habitat.

 

Une délégation (deux résidents, un commerçant) participe ainsi à une réunion multipartite où sont présents la plupart des services concernés : Toulouse Habitat ; l’élu chargé des solidarités, Daniel Rougé ; des personnes chargées de la lutte contre l’exclusion et/ou du secteur Rive gauche travaillant avec Franck Biasotto.

Et les habitants apprennent et comprennent enfin de quoi il s’agit et ce qui se profile.

 

Primo, pourquoi il y a toujours des gens rue d’Alès en dépit des délais et projets annoncés initialement par l’élu de quartier. Profitant du relogement, comme prévu, d’une partie des gens du voyage et du départ avant terme d’une des associations qui « oublie » ( !) de prévenir la mairie, le bâtiment a été aussitôt squatté par des populations migrantes, essentiellement une colonie de Roms albanais, qui s’étoffe de jour en jour, soutenus par une autre association (dont on n’apprendra pas le nom) qui, elle, refuse de collaborer avec les services municipaux. On a donc changé de problématique : Toulouse Habitat et la Mairie sont victimes eux aussi, l’installation est donc illégale, le dialogue difficile et la procédure, car plainte a été déposée, suit son cours.

Par contre s’il reste encore deux familles parmi les 6 qui avaient été laissées sur place dans les premiers mois du projet, et si les services de la Mairie ont accepté d’en installer d’autres, c’est justement parce que « la nature a horreur du vide » et qu’il fallait éviter que le reste de l’immeuble ne soit squatté à son tour en attendant le début de l’opération immobilière. C’est une stratégie, du pragmatisme, et non une trahison par rapport à ce qui avait été annoncé en août 2017.

 

Deuxio, c’est la bonne nouvelle. Suite à la plainte déposée, la délégation apprend que la Justice a enfin tranché, que ces populations extra-européennes non éligibles au statut de réfugié, doivent être expulsées, qu’elles ont même reçu un commandement à quitter les lieux au premier juillet 2020 (prise en compte, malgré l’illégalité, de la trêve hivernale et scolaire, même s’il ne semble pas que les enfants, à une exception près récemment arrivée, fréquentent l’école) ; qu’en cas de refus, il y aura appel au Concours de la Force Publique, qui lui-même devra attendre en termes d’effectifs que le contexte soit favorable, et qui peut être contrarié par un appel de la part des squatteurs. Normalement, courant 2020, ce squat, comme celui d’EDF, devrait être évacué. Mais on comprend au moins que la Mairie sait, et qu’elle agit.

 

Tertio, les travaux prévus auront bien lieu, retardés par le squat du numéro 3 de l’immeuble : ils commenceront en 2020 sur les numéros 1 et 5 (permis de construire en l’ars, début des travaux en octobre, marquant la fin de la mise à disposition des locaux aux populations logées par Toulouse métropole Habitat) pour livraison en janvier 2022.

 

Ainsi, les habitants comprennent enfin ce qui se passe, sont informés de la procédure et ont enfin un horizon temporel en tête. Ils ne sont plus dans le fatalisme et se rendent compte que l’immobilisme n’est qu’apparent et que, contre toute attente, non seulement la mairie est consciente des nuisances (ses services ont en leur possession des photos d’un récent dépôt sauvage, ils ont connaissance des pratiques mafieuses et du trafic le soir, les statistiques des interventions police fréquentes, des plaintes…) mais qu’elle agit en amont. Mais en silence et de façon invisible pour les principaux concernés, et c’est bien là le problème.


    Enfin, par la même occasion, la délégation est informée dans le détail de l’évolution de la procédure en cours pour le squat EDF, qui n’était pas l’objet de la réunion mais qui est évoqué régulièrement en réunions mensuelles bipartites avec la Préfecture, plus facile malgré le nombre car facilitée par le travail de France Horizon qui aide au recensement, aujourd’hui achevé. A cette occasion les habitants apprennent que 90 squats ont été évacués à Toulouse en 2019. En dépit des apparences, la Mairie agit donc bien dans l’ombre.

 

A l’issue de cette réunion où toutes les parties ont pu s’exprimer en toute confiance et sans procès d’intention, la délégation ressort rassurée et consciente qu’à la municipalité, on ne les oublie pas. Ils ont reçu la promesse de faire passer encore plus souvent les services chargés de l’enlèvement des encombrants et de multiplier le soir les interventions de la police municipale pour éviter agressions et tapage nocturne (et par la même occasion les deals et l’afflux de populations extérieures rue d’Alès). Ce qui a été fait, de toute évidence, car le calme revient dans les jours qui suivent, aidé en cela il est vrai par les intempéries qui n’incitent pas les squatteurs à rester dehors jusque tard dans la nuit.

Les résidents sont donc rassurés, mais perplexes. Pourquoi ne pas avoir les informés auparavant ? Ils ne demandaient pourtant pas que l’on rase gratis demain, ni une solution à court terme, ce sont des adultes responsables, non militants ni idéologues, qui voulaient simplement se savoir soutenus et comprendre ce qui se passait. Lors de cette réunion, on leur a simplement expliqué patiemment et avec force détail les procédures en cours, la lenteur de l’Etat de droit, les blocages juridiques, tout ce qui pourrait encore retarder la fin du cauchemar, leurs interlocuteurs ont exposé qui fait quoi entre la Préfecture, les bailleurs sociaux et la Mairie, les attributions des uns et des autres, les périmètres d’action respectifs et les espaces de collaboration. La confiance, et l’espoir, reviennent. Il suffisait de peu.

Presque rien en fait. Comment n’y a-t-on pas pensé auparavant ? Pourquoi avoir laissé monter à ce point l’inquiétude, le désespoir et la colère ? Dans un autre quartier que cette avenue de Muret très métissée ethniquement, une telle absence d’information et de considération aurait même pu faire monter de façon prodigieuse racisme et xénophobie, l’inverse de ce qui était recherché. Il y a donc des leçons à tirer de ce fiasco.

 

 

 

3.               Les leçons de l’histoire. Il faudrait, pour le prochain mandat :

 

 

Primo, de la pédagogie : informer régulièrement sur les procédures en cours et les responsabilités,  

 

 Il s’agit déjà d’expliquer clairement, et régulièrement, qui fait quoi, en d’autres termes qui a la charge de quoi, ou dans le langage des administrés, qui est « responsable ». Tout le monde ne maîtrise pas nécessairement les procédures juridiques, et encore moins les compétences des uns et des autres. Nous sommes à Toulouse, c’est donc, pour la majeure partie de nos concitoyens, comme on l’entend dans les conversations de rue, la Mairie qui est responsable de tout, traduit en clair par « l’adjoint en charge du quartier qui s’en fiche » ou « Moudenc qui ne fait rien » ou pire, « qui ne veut rien faire ». Or il n’en est rien.

 

Car pourtant non, le squat de la rue d’Alès ne relève pas de la Mairie directement, même si celle-ci a été associée au projet initial et que l’adjoint responsable du secteur est aussi le président du bailleur social qui a fait l’acquisition du bâtiment. Et quand bien même : on n’expulse pas comme ça, par simple appel à la force publique, des gens illégalement installés sur sa propriété privée. C’est déjà au propriétaire de porter plainte, ce que Toulouse Habitat a bel et bien fait mais ce qu’ignoraient les riverains, tenus désinformés de ce qui se jouait sous leurs fenêtres et dont ils sont les victimes. C’est la Justice qui vient de trancher : à la date prévue ces squatteurs devront partir et, en cas de refus, ce sera à la Préfecture d’ordonner le Concours de la Force Publique pour les expulser, en supposant qu’entre-temps ces habitants illégaux (ou plus exactement l’association qui les a installés) n’aient pas introduit une nouvelle action en justice retardant de facto l’expulsion.

 

Non, le squat EDF sur l’îlot Oasis ne relève pas non plus de la mairie puisqu’il s’agit d’un propriétaire privé, en l’occurrence EDF, qui seul a été en mesure de porter plainte et de mener l’action en justice : c’est la Justice qui, pour des raisons humanitaires, a décidé initialement de ne pas expulser les squatteurs, la nécessité d’avoir un toit étant considérée comme prioritaire sur les intérêts privés du propriétaire, et c’est encore la Justice qui , dans un second temps, a décidé qu’il fallait prendre des mesures d’expulsion pour des raisons de sécurité (risques électriques). Et c’est la Préfecture qui décidera un jour quand et comment cela devra être fait avec le CFP.

 

Les procédures sont longues et difficiles, et cela d’autant plus que les cas se multiplient et que la Justice est débordée. En l’état actuel de la législation, on ne peut faire autrement. C’est le revers de l’Etat de droit. Sans doute, avec l’inflation des cas à traiter et l’habilité des personnes en infraction de jouer avec les textes de loi, de multiplier les appels, et de retarder leur expulsion, qui intervient de toutes manières tôt ou tard, un squat n’étant jamais appelé à rester, faudra-t-il revoir ces procédures, redonner aux propriétaires la faculté de retrouver plus rapidement le droit de jouir de leur bien. C’est exactement la même problématique que pour les expulsions du territoire national pour les personnes qui ont été jugée non habilitées à y rester, il y a souvent un fossé, notamment temporel, entre la décision de justice et son exécution, ou pire sa non-exécution. Mais c’est là un problème national. A l’électeur de voter pour les candidats qui proposent d’y remédier. La municipalité n’y est pour rien. Mais l’électeur lambda, qui ne sait pas grand-chose des attributions de chacun, des règles de droit et du partage des compétences, si on ne le lui explique pas, ne le sait pas. Et tourne logiquement sa colère vers l’élu de proximité, ou l’équipe dont il est membre.  

 

    La proposition qui s’impose est ainsi que résidents et commerçants soient régulièrement informés (réunions , lettres et mails, présence annoncée de l’élu de quartier dans l’avenue …) ; que pour chaque opération de ce genre ils aient aussi un référent unique ( un nom, un mail direct, un numéro de téléphone) pour faire remonter les informations et doléances et éviter l’actuelle dispersion des témoignages ou la résignation inévitable quand on ne sait pas à qui s’adresser exactement ; et que cet interlocuteur référent  soit clairement indiqué sur des courriels réguliers qui tiendront les habitants informés de l’évolution du projet ou de ses éventuelles modifications.

 

 

Reconnaître les résidents et commerçants comme des co-acteurs

 

A contrario il faut que les personnes qui vivent et travaillent sur place et dont la vie quotidienne et professionnelle est impactée par les décisions municipales, ou dans lesquelles la Mairie est un partenaire essentiel, soient aussi reconnues comme co-acteurs : tout projet devrait avoir ainsi un ou plusieurs référents chez les résidents et commerçants, désigné(s) ou élu(s) lors de la première réunion d’information, chargé(s) de collecter les doléances et les remarques et de les faire remonter, clairement indiqué(s) sur les courriels ou courriers de la mairie. Si l’on n’est pas au courant des problèmes ou de leur aggravation, on ne risque pas de les corriger.

 

Il faut aussi faire en sorte que l’écoute offerte soit bienveillante, dans la confiance et sans procès d’intention. C’est-à-dire sans filtre de gauche (ou influencée par le gauchisme culturel du genre LREM ou centrisme) faisant voir tout migrant comme une victime intouchable et indemne de tout reproche et toute personne qui se plaint face aux incivilités commises par une personne étrangère comme un xénophobe ou raciste patenté. Les résidents gardent encore douloureusement le souvenir de leurs premiers appels à Allo Toulouse, comme l’avait pourtant proposé le maire de quartier dans son premier courrier. Dans le meilleur des cas on leur demandait d’un air docte d’être patients, comme s’ils étaient des empêcheurs de tourner en rond, et non des victimes, mais beaucoup ont eu la désagréable et humiliante expérience de se faire administrer des leçons d’humanité quand ce ne sont pas des accusations directes de racisme. Et l’inversion de culpabilité fait mal ! Ces malheureuses expériences ont été remontées vers l’élu du quartier qui a promis de revoir les conditions de l’accueil téléphonique, d’y expliquer la situation afin qu’on y montre davantage de compréhension et de respect de l’appelant. De toute évidence ce fut fait, mais trop tard. Car, peine perdue, la plupart des résidents, découragés, humiliés, avaient cessé de témoigner depuis longtemps. Du moins de considérer la municipalité comme un interlocuteur valable, se tournant alors dans leurs doléances vers d’autres partis d’opposition, jugés davantage à l’écoute.

 

Un numéro dédié, d’écoute et de collecte des informations (mieux adapté que le mail pour les personnes âgées) permettrait en outre aux services municipaux, et aux associations auxquelles les témoignages et plaintes seraient transmis, de mieux mesurer l’ampleur des problèmes et du mécontentement au-delà de statistiques nécessairement faussées. Lors de la réunion de septembre 2017 l’élu de quartier a mentionné avoir été surpris par l’avalanche de mails et sms reçus pendant l’été alors que les « statistiques de la police nationale ne montraient pas une hausse des incivilités » (sic). Et pour cause ! Les habitants et commerçants ont fait valoir que personne n’allait perdre une demi-journée (encore moins s’il faut la renouveler régulièrement) au poste de police pour porter plainte contre des gens difficilement identifiables, avec risques évidents de représailles, pour une serrure de voiture forcée, un portail dégondé, une boîte à lettre forcée, une insulte dans la rue, un dépôt d’ordures sauvage, un poulet volé dans une rôtisserie et la grivèlerie quotidienne dans les épiceries ! Surtout qu’il s’agit financièrement de petits délits dont le montant de la réparation ne dépasse pas la franchise, donc non couverts ou à peine par les assurances. Les commerçants les plus impactés se sont équipés et débrouillés seuls : caméras vidéo, batte de baseball derrière le comptoir pour tenter d’éviter les vols et les menaces.

 

En outre un numéro dédié, une personne référente, permettrait de « vider son sac » et de se sentir moins seul. Il ne s’agit pas de demander une intervention immédiate, une solution spontanée. Mais de savoir que l’on n’est pas considéré comme un citoyen de seconde zone, de se rassurer en se disant que désormais on sait ce qui se passe à la municipalité. Ce qui, jusqu’à ces derniers jours, n’était pas évident.

 

 

Obliger les associations partenaires à dialoguer avec les résidents

 

C’est sans doute là le manquement principal. Lorsqu’un projet est confié à une ou plusieurs associations, par exemple en termes d’aide aux migrants, elles « oublient » singulièrement de traverser la rue et de demander AUSSI aux commerçants et habitants quels sont les effets du projet, si cela se passe bien, s’il y a des choses à corriger ...

Les résidents n’ont rencontré les deux représentants de Soleilha31 et France Horizon qu’une seule fois en deux ans et demi, le jour de la réunion d’information de septembre 2017. L’un d’eux a été parfois aperçu de l’autre côté de la route avec les squatteurs (rue d’Alès et sur le squat EDF) et ce qu’il reste des populations initialement installées, mais personne parmi les commerçants et résidents interrogés ne l’ont jamais vu traverser la rue, s’enquérir auprès des gens qui vivent là de l’évolution de la cohabitation, de la résolution éventuelle des nuisances évoquées deux ans auparavant… Quant à l’autre …

On espère que la leçon sera entendue et que les responsables d’associations, dont le colistier de Jean-Luc Moudenc, n’hésiteront plus à consulter les résidents, rendre visite aux commerçants pour les tenir au courant de l’avancée des projets. Ou simplement leur demander comment ils vont. Car eux aussi peuvent aller très mal.

 

 

Apprendre de ses erreurs

 

Reconnaître que pour qu’une personne ou une famille s’intègre, adapte son mode de vie à l’environnement qu’elle rejoint, avec cette règle d’or que la liberté de chacun s’arrête là où commence celle des autres, il faut créer de la mixité sociale, l’isoler du groupe d’où elle sort. Mettre ensemble plusieurs dizaines de personnes habituées à vivre nuitamment bruyamment en plein air ne les incitera pas à abandonner ce mode de vie, bien au contraire. Comment avoir pu imaginer que loger en un même immeuble 22 familles nombreuses, rejointes le soir par d’autres personnes, par dizaines, du camp dont elles étaient originaires, les inciterait à s’intégrer « en huit mois ». Au contraire, on a assisté à un procédé de territorialisation communautaire et agressive, cherchant à exclure et décourager les résidents antérieurs dans un périmètre élargi.

S’occuper de « ceux qui ne vont pas bien » ne doit pas conduire à créer des nuisances chez d’autres qui, à leur tour, n’iront pas bien du tout. Surtout si c’est pour ensuite les oublier totalement et se désintéresser de leur sort. Le deux poids deux mesures est toujours vécu comme une injustice. Et provoque des votes contestataires. Mais il est vrai que lors des réunions de quartiers, quand le sujet a été abordé, il a été aisé de constater qu’AUCUN des défenseurs de ces populations qui refusent de s'intégrer et imposent leur mode de vie aux autres ne vivait dans le quartier où ils ont contribué à les installer et où ils favorisent leur maintien.

 

Il s’agit aussi de se préoccuper de tous ceux qui sont en situation de mal logement et pas simplement des migrants d’Afrique et des populations nomades venant d’Europe de l’Est ou, de plus en plus, des Balkans. L’avenue de Muret, par exemple, connaît un certain nombre de SDF français, connus et appréciés par les résidents depuis des années, et qui restent en situation de grande précarité, logés en caravane, en voiture ou en squat. Il est vrai que ces personnes ont toutes un ou plusieurs chiens, ce qui les exclut de nombreux foyers. Sans doute serait-il bon de penser aussi à eux et de leur proposer a minima des logements collectifs avec chenil ou chambres où les chiens sont admis, voire de vrais logements à eux aussi, comme aux populations migrantes. Le fait qu’ils soient Européens et souvent Français n’en fait pas pour autant des pauvres de seconde zone. Sinon on accentue le sentiment de deux poids de mesure et de préférence communautaire de la part des associations.

 

Ces populations installées doivent être obligées à se plier aux règles du droit au même titre que les autres résidents. Autant dire que furent et sont très mal vécus les inévitables contraventions des résidents, sur une zone devenue partiellement payante et avec de nombreuses places réservées, sanctions normales, fréquentes, quasi immédiates, alors que des camions et camionnettes, de grosses voitures squattaient tous les jours les places livraison, banques ou handicapés ou, stationnées en pleine rue, entravaient le passage en toute impunité. Aujourd’hui la circulation est encore empêchée impasse d’Alès, par des véhicules ou par des bandes, rendant aujourd’hui encore quasi impossible l’accès des automobilistes à un parking qu’ils louent ou ont acheté dont la seule entrée (pour ceux qui n’habitent pas la barre Beaulieu) passe par la grille fermant la rue d’Alès.

 

Enfin, le cas des gens du voyage sédentarisés, comme l’étaient les populations de Ginestous, a démontré que deux ans et demi plus tard, ils vivent encore majoritairement dehors, dans la rue, sur des parkings proches, en tribu, se retrouvant, parlant fort, se disputant bruyamment, mangeant ensemble la nuit à l’extérieur ou sur les balcons.  De toute évidence la vie enfermée ne leur convient pas. Peut-être faut-il plutôt favoriser l’installation en camp et caravanes dotées de tout le confort moderne et mettre plutôt l’accent sur la scolarisation des enfants, l’apprentissage de la langue et sur l’acquisition des règles de droit, l’accès à l’emploi. Il n’est pas certain que de leur côté l’accès à un logement fermé et individuel ait été leur première priorité. Il ne faut pas juger de leurs besoins au travers de notre prisme culturel, dans une approche misérabiliste qui frise le néo-colonialisme et que l’on trouve dans trop d’associations dites humanitaires.

 

 

A défaut de quoi,  nombre de résidents et commerçants, exaspérés par les nuisances persistantes et convaincus que rien ne se passe ni ne se passera, fatalistes et en colère face au silence de la Mairie et surtout à l’indifférence totale (le mépris ?) des associations responsables de ces projets, légaux ou non, perdent patience et menacent de diriger leurs votes vers des candidats qui, eux, semblent davantage à l’écoute de leurs problèmes.

Car le vivre-ensemble, c’est dans les deux sens que cela se passe. Et ceux à qui des élus et associations extérieurs imposent des résidents allogènes qui n’ont pas les mêmes façons de vivre, voire indélicats et qui occasionnent des nuisances, aimeraient aussi que lesdites associations aient la décence de leur demander aussi, de temps à autre, s’ils vont bien et comment cela se passe pour eux. Résidents et commerçants ne sont pas des citoyens de seconde zone, indignes de respect, ni des « racistes » lorsqu’ils exposent ce qu’ils endurent, juste des Toulousains qui tiennent à rappeler que le « vivre-ensemble » suppose un respect mutuel et une vision du monde moins hémiplégique et manichéenne que celle que véhiculent de nombreuses associations dites solidaires ou humanitaires.


par Bernard Carayon 9 avril 2025
Magnifique tribunedans le JDD de notre ami Bernard Carayon qui souligne parfaitement toutes les incohérences de la Commission Européenne  en matière de défense !

par Pauline Condomines (VA) 8 avril 2025
"Ce mercredi 26 mars, au Palais des Sports, une conférence sur la menace islamiste a rassemblé un large public au Palais des Sports de Paris. Bruno Retailleau, Manuel Valls et de nombreux militants, chercheurs et auteurs ont appelé à la lutte contre un fléau qui “menace la République”."

par Lignes Droites 5 avril 2025

Nouveau grand succès pour la conférence de Lignes Droites du 3 avril !

Tous nos remerciements à Monsieur Patrice Michel pour son exposé très pédagogique sur le système judiciaire français, ses liens avec les instances européennes, son histoire, et son organisation au sein des différentes justices administratives, civiles et pénales.

Tous les participants (environ 75 personnes) ont particulièrement apprécié la clarté de cet exposé et quelques idées pour améliorer son efficacité. Deux rappels essentiels ont été fait :

- notre système judiciaire est là pour faire respecter la loi et bon nombre des reproches qui lui sont fait viennent en fait du politique.

- la neutralité de la justice française a été largement entamée par certains individus, en particulier issus du syndicat de la magistrature. Ce devrait être au Conseil Supérieur de la Magistrature de garantir cette neutralité politique.  Mais sans doute par corporatisme et lâcheté, il n'intervient pas assez, même face à des situations extrêmes comme celle du "mur des cons". Là encore ce devrait être au politique d'avoir le courage de mener à bien les réformes nécessaires pour s'assurer du bon fonctionnement du Conseil de la Magistrature.

par Maxime Duclos 4 avril 2025

Aujourd’hui, la France traverse un moment décisif. Dans une décision qui ne laisse aucun doute, Marine Le Pen se voit infliger une peine d’inéligibilité, à seulement deux ans des présidentielles. Ce verdict dépasse largement le simple domaine juridique pour s’inscrire dans un affrontement politique direct.

La magistrate Bénédicte de Perthuis affirme s’inspirer d’Eva Joly pour son parcours judiciaire et son engagement en tant que magistrate. Elle l’a d’ailleurs déclaré sans ambiguïté : « Eva Joly a changé mon destin. » lors d’un podcast en 2020. Une phrase forte, qui traduit bien plus qu’une simple admiration professionnelle. On y perçoit une affection profonde pour une figure dont les opinions, notamment sur la justice, sont tranchées et assumées.

Mais Eva Joly, au-delà de son parcours de magistrate, reste aussi un personnage politique clivant, dont l’engagement écologiste et les prises de position marquées ne laissent personne indifférent. L’apprécier, c’est souvent adhérer aussi, d’une certaine manière, à une certaine vision du monde et des combats idéologiques. Dès lors, difficile d’ignorer que cette inspiration, aussi sincère soit-elle, puisse laisser planer un doute sur une possible proximité idéologique.

Dans ce contexte, le Syndicat de la magistrature, connu pour ses positions marquées à gauche et ayant publiquement appelé à voter contre l’extrême droite le 12 juin 2024 ajoute une dimension particulière à cette affaire. Cette prise de position contribue à brouiller la frontière entre engagement idéologique et impartialité judiciaire.

Dès lors, difficile de ne pas voir dans cette condamnation un verdict dont l’écho dépasse le cadre strictement juridique pour résonner sur le terrain politique, au moment même où se prépare une échéance électorale majeure.

Encore plus inquiétant, l’identité des deux assesseurs qui ont participé au verdict reste inconnue, un manque de transparence qui renforce le sentiment d’un coup d’État judiciaire. Ce flou soulève des questions cruciales sur l’impartialité et l’indépendance de notre système judiciaire, surtout à l’approche d’un scrutin historique.

Ce moment demeure un symbole fort : la justice, qui devrait être la gardienne impartiale de nos lois, se retrouve aujourd’hui au centre d’interrogations profondes. Si la magistrate ne revendique pas ouvertement d’engagement politique, son admiration pour une figure aussi marquée qu’Eva Joly, ainsi que le contexte entourant cette décision, peuvent laisser penser que son jugement pourrait être influencé par une certaine orientation idéologique. Cela envoie un message clair à l’ensemble du paysage politique français et soulève inévitablement des questions sur la frontière, de plus en plus ténue, entre justice et politique.

Face à cette situation inédite, la nécessité de transparence s’impose, et il est essentiel que les interrogations sur l’indépendance de la justice soient pleinement abordées. Ce moment marque un tournant dans la vie politique française et pose une question fondamentale : la justice peut-elle encore être perçue comme une institution neutre, ou court-elle le risque d’être influencée par des dynamiques idéologiques qui dépassent son cadre strictement juridique ?

Comme l’ont souligné plusieurs responsables politiques, dans un moment aussi décisif, même si une condamnation doit être prononcée, le fait de rendre Marine Le Pen inéligible à seulement deux ans des présidentielles soulève des doutes légitimes sur la volonté politique et idéologique de l’empêcher d’accéder au pouvoir. Selon des estimations récentes de l’IFOP, Marine Le Pen aurait eu la possibilité d’obtenir entre 34 et 38% des voix au premier tour des présidentielles de 2027, selon plusieurs sondages récents. Cette décision semble dépasser le simple cadre juridique. Ce choix, dans un contexte aussi crucial, appartient au peuple et non à une juridiction.

Il en va de la confiance des 11 millions d’électeurs qui, sans pouvoir débattre, parlementer ou exercer leur droit démocratique, se voient privés de la possibilité de voter pour la représentante politique qui, selon les projections, aurait toutes les chances de jouer un rôle clé dans la politique de 2027. Cette décision semble porter une forme de nonchalance envers ces électeurs, en les privant de la possibilité d’exprimer leur voix de manière libre et démocratique. Ce n’est pas simplement une question de légalité, mais une tentative potentielle de déstabiliser le Rassemblement National, d’affaiblir ses capacités à se renforcer et à atteindre, d’ici 2027, une représentativité de 37% des suffrages, au moment où le débat politique pourrait être radicalement transformé par leur ascension.



NDLR : Merci à Maxime Duclos pour ses billets d'humeur toujours très intéressant. On pourrait ajouter queBénédicte de Perthuis n'avait pourtant pas une réputation de sévérité particulière puisque c’est elle qui avait prononcé la relaxe du ministre Olivier Dussopt, jugé pour favoritisme (et finalement condamné en appel !). Deux poids et deux mesures ?


par Pierre Lemaignen 2 avril 2025

Par la voix d'Eric Lombard, le ministre de l’économie, Bpifrance annonçait la semaine dernière vouloir collecter 450 millions d’euros auprès des Français pour les entreprises de défense, et la création à cette fin d’un fonds baptisé « Bpifrance Défense », réservé aux particuliers et destiné à la défense et à la cybersécurité.

Voyons le côté positif des choses : les Français vont peut-être enfin découvrir ce qu'est le private equity et ses bienfaits ! Sur la période 2013/2023, les rendements du private equity français ont été de l'ordre de 13% brut. Quelqu'un qui aurait investi 500 € en France dans cette classe d'actifs aurait aujourd'hui un capital net de frais d'environ 1000 €. Sur le papier, cet investissement a donc tout pour plaire avec des entreprises qui existent déjà et qui sont souvent bien implantées, un marché a priori florissant dans les années à venir et a priori une montagne de commandes à venir. Mais comme cela est répété pour toute publicité pour un placement financier : " Les performances passées ne préjugent pas des performances futures ". Car dans ce cas de figure en particulier, il y a des hics et pas des moindres ... Le problème essentiel n'est pas l'investissement ! Il y a énormément d'épargne et de trésorerie sur le marché actuellement. Le problème essentiel c'est qu'il faut des commandes sur le long terme. Or ces commandes publiques annoncées par les pays européens seront-elles encore là dans cinq ans ?

Il faut souligner plusieurs aspects sur le risque qui porte sur ces commandes publiques en particulier pour la France :

1. Chaque pays européen va investir en fonction de deux logiques :

- diplomatique : certains continueront à acheter du matériel américain quoi qu'il arrive

- industrielle : les commandes seront soumises à des impératifs nationaux pour soutenir l’industrie locale.

On peut donc toujours mettre en avant les investissements prévus pour l'ensemble de l'Europe, l'essentiel des retombées pour l'industrie française seront essentiellement issues de la politique nationale et pas seulement européenne ...

2. Quelle confiance peut-on avoir dans les annonces d'aujourd'hui ? L'Europe a toujours été une vraie girouette sur les sujets relatifs à la défense européenne, à la fois en termes de stratégie et d'investissement.

Encore aujourd'hui, un label ESG dans ce domaine est, de fait, quasi impossible (aux côtés de l’alcool, du tabac et des jeux d’argent ...).

Même la France qui a pourtant fait partie des bons élèves en termes d'investissement dans le domaine de la défense n'a pas toujours fait preuve d'une réelle constance (en particulier sous Hollande).

Au lendemain d'un inéluctable traité de paix signé entre l'Ukraine et la Russie dans l'année à venir, ou après un hypothétique effondrement du régime russe dont ils rêvent tous, l'hystérie collective de nos dirigeants européens sera-t-elle encore d'actualité ?

3. Acheter des chars est un investissement qui trouvera toujours des détracteurs acharnés dans notre société. Bien malin est celui capable aujourd'hui de nous dire qui sera au pouvoir en France en 2030 à l'échéance de ce fond d'investissement.  

4. Comment la France compte tenu de son endettement pourra-t-elle financer ces investissements ? Compte tenu de notre niveau d'endettement, il faudra soit augmenter la fiscalité (mais nous sommes déjà champion du monde ce qui plombe nos entreprises), soit trouver des arbitrages au détriment d'autres dépenses ... Mais quels sont les arbitrages que les français accepteront : la justice ? l'éducation ? La santé ? Je ne vous parle même pas des retraites ! Certains sondages montrent qu'une majorité de Français (et j'en fais partie) est favorable aujourd'hui à cette politique de réarmement ... Mais dès que le même sondage pose des questions sur les moyens de financer cette politique, d'ores et déjà, cette majorité s'effondre. Qu'en sera t'il dans deux ou trois ans ?

La France fait déjà aujourd'hui face à un mur de la dette absolument vertigineux ( la question n'est pas son existence mais la distance à laquelle il se trouve et le temps qu'il nous reste avant qu'on se le prenne en pleine figure) et une incapacité depuis 50 ans à apporter la moindre réforme à son modèle social. Comment peut on considérer sérieusement les annonces d'augmentation du budget français de la défense de plusieurs dizaines de milliards d'euros ?

Bref, ce type de financement peut éventuellement être une poule aux œufs d'or. Il présente aussi des risques intrinsèques majeurs ! Et il faudra regarder en détail l'offre qui sera faite et analyser de manière très prudente les engagements sur les commandes à venir. Mais il est fort à craindre que dans la précipitation, nous soyons en train de mettre la charrue avant les bœufs pour participer au développement de nos entreprises !

par LR31 1 avril 2025
par Lignes Droites 13 mars 2025
Lignes Droites soutiendra toutes les candidatures d’union des droites. Bonne chance à David Gerson et à sa future équipe !

par Emmanuel Chaunu 13 mars 2025
par Maxime Duclos, adhérent Lignes Droites 10 mars 2025
Billet d'humeur d'un de nos adhérents,Maxime Duclos :  


En 1997, l’année de ma naissance, le taux de fécondité était de 1,71 enfant par femme, un chiffre déjà bien inférieur au seuil de remplacement des générations, estimé à environ 2,1 enfants par femme, sans que cela signifie pour autant que la parentalité allait de soi. Mais en 2024, les chiffres sont sans appel : 1,62 enfant par femme, et une chute des naissances qui semble inarrêtable. Comment en est on arrivé là ? Et surtout, pourquoi les jeunes d’aujourd’hui ne veulent-ils plus fonder de famille ?

La natalité française a connu une première chute importante après 1972, Mai 68 a profondément transformé la société française, et même si la chute de la natalité après 1972 n’est pas directement causée par ces événements, ils ont joué un rôle dans l’évolution des mentalités et des comportements qui ont ensuite influencé la fécondité. L’entrée massive des femmes sur le marché du travail, l’accès à la contraception et la légalisation de l’IVG en 1975 ont profondément modifié les comportements familiaux. Cependant, après cette période de déclin, la fécondité s’est stabilisée autour de 1,8-2 enfants par femme pendant plusieurs décennies. Depuis 2010, en revanche, la chute est spectaculaire : entre 2010 et 2024, le nombre de naissances est passé de 832 800 à 663 000, soit une baisse de 21,50 %. Un effondrement historique qui ne cesse de s’accélérer, sans qu’aucun véritable sursaut ne semble pointer à l’horizon.

Les raisons sont multiples, mais elles pointent toutes vers une réalité inquiétante : avoir un enfant en 2024 est devenu un choix difficile, parfois même un luxe. Pourtant, il est essentiel d’être honnête avec nous-mêmes : la précarité économique, bien que réelle, n’explique pas tout. Trop de jeunes se cachent derrière cet argument pour justifier un refus d’engagement bien plus profond. Aujourd’hui, nombreux sont ceux qui préfèrent "profiter" avant d’avoir des enfants, cherchant un confort personnel au détriment de la responsabilité collective. Cette mentalité est en partie héritée d’une éducation plus permissive, où les limites ont été repoussées, où la contrainte est devenue un gros mot. Les méthodes pédagogiques modernes, comme Montessori, sont souvent citées comme un progrès, mais elles traduisent aussi un changement de paradigme issu des transformations post-68 : un enfant doit s’épanouir à son rythme, être libre de ses choix, et ne pas être contraint. Résultat ? Une génération qui repousse l’effort, qui cherche avant tout son propre bien-être, et qui voit la parentalité comme une privation de liberté plutôt que comme un accomplissement.

Au-delà de cette évolution sociétale, l’idée même de nation s’efface. Faire des enfants, c’est assurer le renouvellement des générations, maintenir une dynamique économique, préserver un équilibre social. Or, nous vivons dans une société où l’individualisme prime sur l’intérêt collectif. Nous consommons, nous voyageons, nous vivons pour nous-mêmes sans nous soucier des répercussions à long terme. Cette quête incessante de liberté, ce refus des obligations, nous mènent à une impasse. Car moins de naissances, c’est aussi moins de travailleurs demain, une économie qui s’essouffle, et des systèmes de retraite qui s’effondrent. Nous ne voulons plus d’enfants, mais qui paiera alors pour notre vieillesse ?

Peut-on encore inverser la tendance ? Il ne s’agit pas de forcer les jeunes à avoir des enfants, mais de redonner du sens à la parentalité. Il faut retrouver un intérêt commun, réapprendre à voir l’avenir autrement que par le prisme de la jouissance immédiate. Faire des enfants, ce n’est pas seulement une contrainte, c’est une transmission, une continuité, un acte fondateur pour une société. Il faut redonner envie, réhabiliter la famille comme un pilier essentiel du bien-être personnel et collectif, et non plus comme une entrave. Tant que nous resterons enfermés dans cette quête illusoire de liberté absolue, tant que nous refuserons de voir au-delà de notre propre existence, la chute des naissances n’aura aucune raison de s’arrêter. Et avec elle, c’est tout un modèle de société qui s’effondrera.

Sources :

INSEE “Bilan démographique annuel”

INED “Pratiques parentales et enfance"

par Pierre Lellouche 10 mars 2025

"Sans être entendu, je n’ai cessé de répéter depuis avant même qu’elle n’éclate que la guerre d’Ukraine aurait pu être évitée. Qu’elle aurait pu, même, être stoppée dès avril 2022. Qu’au lieu de préparer la « grande offensive » ratée de juin 2023, l’Ukraine et ses alliés auraient dû négocier, avant de se trouver dans une situation bien pire à l’arrivée, comme l’avait prévu, lui aussi, le chef d’état-major des armées américaines, le général Mark Milley, fin 2022."
Une tribune très instructivesur le conflit ukrainiende Pierre Lellouche,spécialiste reconnu en géopolitique:


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